Localisation
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Détails
  • Adresse :
    6 rue Crébillon
Description

Aujourd’hui, une brève très spéciale, pas vraiment brève, mais passionnante, composée par Christian Gauvin, conteur poète et amoureux de l’Histoire de Paris. Christian m’a contacté il y a quelques semaines pour « éclairer sa lanterne » sur la recherche du nom de l’ancienne brûlerie et torréfaction de café située dans une petite maison à deux pas du théâtre de l’Odéon. La Brûlerie F.Molay de son nom, détruite en 2003, a été, pour Christian plus qu’un simple commerce. Après plusieurs échanges, j’ai vite compris qu’il partageait une histoire commune avec ce lieu. Je lui ai demandé s’il pouvait en faire une note que je publierai sur Brèves d’Histoire. Il a eu la gentillesse de se prêter à l’exercice, voici son histoire :

Au début des années quatre-vingt-dix, un de mes vieux amis avec lequel j’avais travaillé durant des années à La Réunion et qui possédait des capitaux disponibles souhaitait investir à Paris.

La société dans laquelle j’étais actionnaire minoritaire possédait entre autre le droit au bail et le fond de commerce d’un magasin fort bien placé dans une belle avenue du 17ème arrondissement à proximité de Neuilly-sur-Seine. Elle voulait réaliser ce bien. Après avoir mené une étude de marché dans ce quartier chic et riche du 17ème et avoir visité ce magasin, mon ami intéressé m’approcha donc. Il envisagea de le reprendre et d’ouvrir une brûlerie-torréfactrice de café.

Il me demanda alors de l’accompagner afin de visiter plusieurs brûleries parisiennes, dont la plus célèbre, selon lui, celle de la famille Molay située à deux pas du théâtre de l’Odéon.

J’acceptai bien volontiers.

Aussitôt arrivé sur les lieux, je m’étonnai de découvrir une petite maison d’un étage en plein centre de Paris. Je trouvai l’extérieur de la maisonnette tout à fait charmante, avec son toit d’une seule pente fait de vieilles tuiles assurément bicentenaires.

À peine sommes-nous entrés dans le magasin tout en longueur, que nos odorats sont suavement caressés par les douces et agréables senteurs de cafés. Nous sommes fort bien reçus par le propriétaire Monsieur Molay. Nous nous présentons et tandis que mon ami fait part de son projet, je m’aventure dans les lieux.

Nous sommes là bien loin d’un banal magasin parisien moderne. Le sol est fait de tomettes bien âgées, les peintures aux teintes vieillies de jaunes et marrons ne sont pas toutes jeunes. Les décors et les dessins peints sur les murs rappellent les intérieurs du XIXème siècle. Il y a bien tout un appareillage de brûlerie qui ne fonctionne pas lors de notre visite. Je reconnais ne pas trop m’y intéresser et je le regrette bien. Sont stockés çà et là de lourds sacs de jute clair remplis de grains de café. Il doit y en avoir une grande variété.

Sur les murs courent des étagères sur lesquelles sont stockées différents paquets de café à l’emballage couleur café avec, mentionné sur chacun, le pays d’origine. Les pays d’Amérique du Sud semblent dominer, peu viennent d’Afrique.

Sur le comptoir en bois qui rappelle ceux des vieux bistrots, sont exposés des bocaux remplis de café et de vieilles cafetières. Tout près, un plus petit devant servir à la caisse et aux comptes.

Plusieurs tables rectangulaires aux couleurs patinées avec, pour chacune deux ou trois chaises de jardin aux lattes de bois rappellent les sièges du jardin voisin Le Luxembourg. Nous nous installons à la plus grande et le patron nous propose un café en nous interrogeant sur notre préférence. Je ne sais que dire :

–Un pur arabica de Colombie ! C’est celui qui est servi à bord des avions d’Air-France et que j’aime bien déguster !

Il recommande à mon ami une autre variété assez rare. Je reconnais que je suis ô combien satisfait par tous les merveilleux parfums et senteurs qui embaument l’air de cet antique magasin. Le café est servi dans de vieilles tasses marron hexagonales. Il est superbe au palais et semble me griser. Je savoure avec plaisir et comme j’ai pris l’habitude de boire très chaud, la tasse se vide rapidement. Monsieur Molay s’en aperçoit et demande à l’un de ses aides plus jeune de me resservir. S’agit-il de son fils ou d’un salarié, le patron ne nous le présente pas. Nous n’en saurions rien.

J’émets quelques compliments sur l’ambiance combien plaisante et désuète. Mon ami est aussi bien que moi sous le charme, nous aurions aimé rester plus longtemps en ce lieu du passé, mais nos emplois du temps ne nous le permettent pas. Et puis Monsieur Molay doit s’occuper de conseiller un ou deux clients qui entre temps sont arrivés. Mon ami ayant obtenu les renseignements recherchés, nous saluons le torréfacteur et nous le quittons.

J’ai conservé un agréable souvenir de cette visite, je regrette de ne pas avoir pris des photos de l’agencement intérieur de cet authentique magasin du passé parisien. »

 

Christian-Georges GAUVIN – 23 janvier 2017

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