1 - Rue Denoyez, capitale du street-art parisien
2 - Vue panoramique au Belvedere de Belleville (27 rue Piat)
3 - Rue d'Eupatoria et lieu de culte
4 - Rue de la Mare
5 - La rue des Cascades, au fil de l'eau
6 - La Villa de l'Ermitage, champêtre et silencieuse
7 - La Cité Leroy, l'autre rescapée
8 - La Villa Olivier Métra, l'étonnante
9 - Le Passage des Soupirs, la pépite verte de Belleville
10 - Rue du Retrait
Les promeneurs un minimum aguerris par les itinéraires phares de la capitale pourront trouver en Belleville un lieu cosmopolite et authentique, où se mêle vie artistique, culture historique et itinéraire champêtre. Peu de quartiers dans Paris peuvent se vanter de réunir autant de qualités dans un espace aussi restreint.
Une balade dans les anciens villages de Belleville et de Menilmontant propose au flâneurs du dimanche un autre visage de Paris, entre l’atmosphère des villages populaires du haut de Belleville et les meilleurs lieux d’expression du street-art parisien dans le bas de Belleville, cents mètres plus bas.
Emerveillement de ma famille marseillaise qui, de passage à Paris le temps d’un week-end, a pu découvrir ce quartier à part du 20ème arrondissement. Je vous partage mon itinéraire créé pour l’occasion, non exhaustif mais terriblement efficace. Etes-vous prêts ?
Successivement appelé « la montagne sauvage » au 7ème siècle, Portronville puis Belleville-sur-Sablon au Môyen-Age, Belleville devint commune française pendant la Révolution, puis annexée à Paris en 1860. Elle fut une terre d’accueil pour des milliers de migrants au cours du 20ème siècle, à la fin de la première guerre pour les polonais, arméniens et juifs d’Europe Centrale, en 1950 pour les juifs tunisiens et à partir de 1980 pour la communauté asiatique. Belleville fut d’ailleurs considéré comme le premier quartier juif de Paris, une importante communauté juive orientale y demeurant encore. Les différentes vagues de migration que connut Belleville au cours du 20ème siècle donne au quartier le visage cosmopolite d’aujourd’hui. Il subit plusieurs grandes rénovations successives au cours de la seconde moitié du 20ème siècle qui donnèrent de fortes différences architecturales sans réelles logique ni armonie.
Ménilmontant, quant à lui, devenu village puis Faubourg, appartenait à Belleville avant son annexion à Paris par le Baron Haussman en 1860. Longtemps contributeur en eau potable pour Paris, Ménilmontant possèdait une situation géographique en altitude qui permit l’établissement de nombreux vignobles sur les hauteurs. Situé en dehors de la zone de l’octroi (forme de taxe sur les marchandises), Ménilmontant proposait un vin bon marché, qui permit l’installation d’un grand nombre de guiguettes au cours du 18ème siècle.
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Alerte, street-art everywhere... Si vous arrivez depuis la rue de Belleville, vous allez être surpris par le changement d'atmosphère. Les façades, les délimiteurs de voie, les pots de fleurs, pas un cm2 d'éléments verticaux n'est epargné par ces graffitis ephémères d'artistes de passage qui font la rénommée de le rue Denoyez et réflete le caractère artistique du quartier de Belleville. Vous aurez certainement l'opportunité de voir ces artistes de rue à l'oeuvre en buvant une pinte de bière au célèbre bar "Aux Folies". Malheureusement, depuis octobre 2016, la rue a perdu un peu de son charme. Une partie des immeubles côté pair a été détruit pour faire place à un programme de constuction comprenant crèche et logements sociaux. A l'annonce du projet, un collectif s'était pourtant mobilisé en 2015 et avait lancé une pétition réunissant 11 000 signatures contre la destruction des façades existantes.
Après avoir observé le beau fronton coloré d'une ancienne crèche municipale à l'entrée du Parc de Belleville, rue Jouye-Rouve, 5-10 min de marche intensive vous attendent. Des molets qui fatiguent et un coeur qui bat la chamade ? Détendez-vous, vous êtes arrivé à destination : profitez de la vue panoramique qui s'offre à vous au Belvedere de Belleville, à 108 m d'altitude. Situé à mi-chemin entre les Buttes-Chaumont et le cimetière du Père Lachaise, la colline de Belleville propose l'une des vues les plus larges de la capitale allant de la Tour Eiffel au Nord à Jussieu au Sud. Durant le Moyen-Age, les communautés religieuses prirent possession de nombreux domaines sur la colline de Belleville pour planter des vignes et profiter des sources d'eau, véritables mines d'or à l'époque.
Aujourd'hui, Belleville étant le lieu incontournable du street-art parisien, le Belvedere n'échappe pas à la règle. L'artiste Julien Mallard, dit "Seth", l'un des graffeurs les plus célèbres de l'hexagone, a peint sur les poteaux du Belvedere des enfants du quartier populaire de Belleville qui ont tous "la tête dans les nuages", au sens propre comme au sens figuré, comme pour échapper à la précarité et toucher leur rêve du bout des lèvres.
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La rue d'Eupatoria n'a rien d'exceptionnelle si ce n'est qu'elle longe la face nord de l'imposante Eglise Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant : clocher à 78 mètres de hauteur et escalier d'entrée imposant. Cet édifice est d'ailleurs considéré comme la 3ème plus grande église de la capitale (ne me demandez pas quelles sont les 2 premières...). De la rue d'Eupatoria, vous pourrez accéder au coeur de l'ancien village de Ménilmontant.
Anciennement nommée rue des Nonnains au 17ème siècle, ce chemin fut classé dans la voirie parisienne en 1863. Le nom actuel "de la Mare" rappelle qu'à deux pas de la rue, en lieu et place de l'Eglise Notre-Dame-de-la-Croix, une mare formée par les eaux de Belleville y a élu domicile. Dirigez-vous au 9 rue de la Mare, vous tomberez sur une impasse. La ligne de la Petite-Ceinture coupe la rue de la Mare en deux, une passerelle métallique uniquement pietonnière permet de continuer son chemin. Au moment de notre passage, un campement improvisé bloquait la passerelle, demi-tour !
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La rue des cascades, 12 m de large, a des accents de campagne. Elle invite à ralentir le pas et à se prelasser, à l’écart du brouhaha des Grands Boulevards, dans une atmosphère de village provincal. Elle doit son nom évocateur aux sources de Belleville qui coulent encore sous nos pieds. Vous l’avez certainement noté, certains noms de rues le long du parcours rappellent ce passé « au fil de l’eau » : rue des Rigoles, rue de la Mare, rue de la Duée (terme provenant de nos ancêtres celtes désignant une source jaillissante) et rue des Cascades.
Les « eaux de Nord » alimentaient la capitale via des acqueducs depuis l’ère Gallo-Romaine jusqu’au 18ème siècle, principalement la rive droite de la ville. Agréable promenade le long de ce passage, qui vous permet de découvrir au n°42, un surprenant vestige : le Regard Saint-Martin (ou Regard des Petites Rigoles), construit au 17ème siècle, point d’accès et de contrôle des eaux de source de Belleville. Une cinquantaine de Regards subsistent encore dans la capitale, vous en trouverez deux autres que j’ai pu référencer à proximité : celui au cœur d’un jardin privatif, au n°32 et le Regard de la Lanterne, visible dans le square au 213 rue de Belleville.
La Villa de l’Ermitage est un véritable havre de paix, un Îlot verdoyant au milieu d’habitations bétonnées, conséquences des constructions « progressistes » des années 70 engagées par des promoteurs immobiliers sans scrupules. Passage privé s’étendant sur 150 mètres entre la rue de l’Ermitage et la rue des Pyrénées, la Villa de l’Ermitage est préservée des constructions spartiates du milieu du 19ème siècle. Seules des habitations de moins de 3 mètres de haut étaient autorisées, les édifices industriels et maisons modernes étant proscrits pour garder cet esprit buccolique, cher aux riverains.
Le long du passage, entre palmiers, glycines, rosiers et cerisiers, vous découvrirez 5 ateliers d’artistes et petites maisons de ville aggrémentées de volets colorés et de courettes pavées visibles côté rue à travers une grille en fer forgé. Qui sait, vous ferez peut-être ami-ami avec les quelques chats qui se prélassent en rebord de fenêtre. A l’extremité de la Villa de l’Ermitage, continuez votre chemin à gauche, à la Cité Leroy, autre oasis de verdure.
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La petite impasse singulière de la Cité Leroy est une rescapée du village originel de Ménilmontant, sauvée de la folie des promoteurs du 19 et 20ème siècle. Loin des plans titanesques de constructions urbaines du Baron Haussman, la logique d’urbanisme à Ménilmontant était, au contraire, dèsordonnée, l’esprit rural persistant. La prolongation ou le percement de rues dans le quartier ont vu émerger des passages étonnants : la Cité Leroy est née. Dans ce passage privé ouvert à la circulation publique, la nature est omniprésente : jardin partagé, plantes et fleurs en pot.
Cette petite impasse large de 5m fait sa timide. Elle serait presque passé inaperçue si nous n'avions pas eu l'objectif de la visiter. Accessible via une petite barrière rouge à pivot au niveau du 28 rue Olivier Métra, la Villa Olivier Métra s'etend sur 15 mètres et offre une mosaique de couleurs à travers ses portes, volets, façades et décors végétaux en tout genre (glycines, rosiers et arbres fruitiers). Ce passage créé en 1906 foule une ancienne parcelle de vigne long de 180m et large de 15m, propriété du Couvent des Moines de Picpus créé au 17ème siècle puis transformé en prison après la révolution française. La fontaine du couvent était d'ailleurs alimentée pour les eaux de Belleville.
Réduit à l'état de sentier, le passage des Soupirs intrigue, rien que par son nom, et invite à la découverte. L'élément le plus surprenant est le silence et la quietude qui demeurent le long de ses 80 m de rue pavée, seulement à deux pas de la Rue des Pyrénées, l'une des grandes artères du 20ème. Le Passage des Soupirs cache deux curiosités qui méritent que l'on s'y attardent. Au n°18, le fronton d'une ancienne fabrique réaménagée présente en lettres dactylographiées l'activité du lieu :
La Manufacture Parisienne de Perles
Sans nul doute le climax de la balade de Belleville au n°18... Vous entrez, ici, dans le Jardin des Soupirs, un espace communautaire de 300 m2 sur la thématique des plantes aromatiques et odorantes, où seuls les gazouillis des oiseaux se font entendre. Pas de passerelles individuelles, des méthodes de jardinage respectueuses de l'environnement où jardiniers professionnels et amateurs se rencontrent pour transmettre, apprendre, et se retrouver autour d'une passion commune. En fin de chemin, vous pourrez trouver des bancs pour souffler un bon coup et observer la nature ambiante. L'accès est ouvert au public le samedi (11-13h), dimanche (16-18h) et selon les disponibilités des adhérents de L’Association Du Passage des Soupirs (ADPS) qui gèrent cet espace vert.
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Dernier stop de notre balade à Belleville-Menilmontant, la rue du Retrait. Ici, le street-art refait surface sur les façades d'immeubles comtemporains. Le nom "Retrait" tire son origine d'un important vignoble implanté là et datant du 16ème siècle (nommé "Ratrait'"). L'ancien ruisseau de Ménilmontant, aujourd'hui couvert, traverse sous les pavés la rue du Retrait. Il prenait sa source au niveau des Eaux de Belleville et de Montmartre, pour se jeter dans le Bassin de l'Arsenal.
Au n°15, traversez le hall du théâtre de Ménilmontant pour accéder à une arrière-cour, où se trouve la chapelle du Patronage Saint-Pierre de Ménilmontant. Construite en 1928, elle est aujourd'hui desaffectée et sert de réserve pour les accessoires, costumes et décors du Théâtre. Enfin, au n°29, vous (ne) trouverez (pas) la maison natale de Maurice Chevalier, né le 12 septembre 1888. Aujourd'hui cette dernière n'existe plus, remplacée par une crèche.
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