Quand on parle du cimetière du Père-Lachaise, impossible de ne pas citer (que dis-je, boire) les paroles de Bertrand Beyern, nécrosophe et premier admirateur du lieu. J'admire particulièrement son phrasé et son amour revendiqué pour le cimetière le plus visité au monde. Bertrand s'apparente, dans ses recherches, à un orpailleur sur le fleuve Amazon qui espère, au bout d'une semaine, trouver la pépite d'or, analogie à ces parcours à grands pas le long des sentiers et passages du cimetière, parfois monotones où rien n'intéresse, et pourtant... Un prénom intriguant, une inscription singulière, un patronyme surprenant, et soudain on comprend que le cimetière parle de nous. C'est un formidable miroir sur une société et une époque. Le Père-Lachaise n'échappe pas à la règle.
Le cimetière du Père-Lachaise n'est pas le nom officiel mais un nom de baptême, appelé à l'origine, cimetière de l'Est. Au XVIIème siècle, les Jesuites, voulant trouvé un lieu de repos, achetèrent le domaine d'un riche commerçant appelé Régnault de Wandonne situé sur une des collines de Paris. Louix XIV en personne profita de la vue dégagée de cette colline pour observer les combats durant la guerre des Lorrains. Le principal occupant du Mont Saint-Louis (nom donné après le passage de Louis XIV) fut le confesseur du roi de France, Le Père La Chaise, de son nom François d'Aix de La Chaise qui y demeura jusqu'à sa mort en 1709.
A la suite de la promulgation de la loi de 1765 qui interdit l'implantation des cimetières à Paris, la ville manqua cruellement de nécropoles. C'est à partir du XIXème siècle que 4 nouveaux cimetières virent le jour autour de la capitale : le cimetière Montparnasse (où vous pourrez observer la Tour de la Charité, un ancien moulin à vent), le cimetière Montmartre, le cimetière de Passy et le cimetière de l'Est qui s'installa sur 17 hectares du Mont Saint-Louis. Aujourd'hui, le cimetière est communément appelé Père-Lachaise. Drôle de façon d'emprunter le nom d'un personnage secondaire dans l'Histoire de France sans le consentement de ce dernier, mort 95 ans avant l'ouverture du site. Ironie de l'histoire, le Père La Chaise n'est pas enterré dans "son cimetière" mais en l'Eglise Saint-Paul, à proximité de la Place des Vosges !
Les fosses communes demeuraient béantes tant qu'elles n'étaient pas pleines. A partir de 1750, les odeurs provenant des nécropoles rendaient les parisiens malades l'été avec l'arrivée des grosses chaleurs. En effet, les vents dominants d'ouest brassait les mauvaises odeurs des cimetières, appelées les miasmes des morts, et contaminaient les vivants à l'est. Ainsi, les médecins hygiénistes recommandaient l'ouverture des cimetières hors des villes, de préférence à l'est pour que les vents dominants écartent les miasmes vers l'extérieur.
Au contraire de la plupart des cimetières qui ont un sol implacablement plat avec des allées larges, à geométrie fixe, le terrain du Père-Lachaise est accidenté, implanté sur une colline. Certains chemins du cimetière ont vu le jour avant l'ouverture de ce dernier, au plus grand plaisir des promeneurs du dimanche qui se plaisent à arpenter les nombreux sentiers sinueux et montueux. Le cimetière est le lieu le plus boissé de Paris avec un total de 5 300 arbres sur une superficie de "seulement" 44 hectares (600 mètres sur 700 mètres). Le cimetière parait sans nul doute beaucoup plus grand qu'il ne l'est réellement. La raison est simple, la ligne droite est très rare, et l'horizon est toujours encombré par la cime d'un arbre, un escalier ou un monument funéraire. Enfin, durant l'âge d'or du cimetière, au cours du XIXème siècle, de nombreux artistes étrangers venaient vivre à Paris, attirés par le rayonnement culturel de la ville à travers le monde. Pour beaucoup, leur dernière demeure était le cimetière Père Lachaise. A l'époque, il n'y avait aucune obligation de ramener le corps du défun dans son pays d'origine. On était enterré là où on mourrait. Indiscutablement, le cimetière du Père-Lachaise est la nécropole la plus cosmopolite qui existe aujourd'hui avec des noms qui résonnent encore dans toutes les têtes : Jim Morrison, Oscar Wilde ou Fréderic Chopin.
J'aimerais préciser que cette liste n'est en rien exhaustive et évoluera au fur et à mesure de mes découvertes dans le cimetière :
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27 mai 2018 à 7 h 16 minMerci beaucoup pour cet article très interessant je vais le partager sur fb