4 Promenade Tour du Phare Cap Ferret, Lège-Cap-Ferret, France
En vacances en famille pour une petite semaine au Bassin d'Arcachon, nous nous sommes arrêté à la presqu'île du Cap Ferret, point d'intérêt incontournable de notre road trip girondin. A la pointe de la presqu'île, le phare de la ville pointe le bout de sa tour, à 52 mètres de hauteur, bien au-dessus de la cime des arbres du Parc où l'édifice a été érigé pour la première fois en 1840.
Après avoir erré pendant 20 bonnes minutes sur un chemin tortueux qui longe l'enceinte du parc, nous atteignirent le porche d'entrée ouvrant sur une grande allée avec le phare comme point de fuite. Quelques foulées plus loin, à 10 mètres à droite de la base de la tour, une étrange masse de béton fait surface. A mon grand étonnement, je découvre sur le panneau d'information posté à l'entrée qu'il s'agit d'un blockhaus de casernement construit en 1943 par les allemands pour protéger les troupes de la Kriegsmarine stationnées dans le parc du phare en cas de bombardement.
Le phare n'étant plus une priorité, je décide de m'intéresser de plus près à ce vestige étonnant de la 2ème guerre mondiale, visiter surtout l'intérieur du blockhaus, entièrement restauré en 2010 par la ville de Lège-Cap-Ferret avec l'aide de l'association GRAMASA (Groupe de Recherches Archéologiques sur le Mur de l'Atlantique Secteur Arcachon). Déserté par les allemands en août 1944 qui profitèrent de leur fuite pour détruire le phare, le blockhaus servit de lieu de stockage pour la construction d'un nouvel édifice jusqu'en 1947. Inoccupé ensuite pendant plus d'un demi-siècle, il fut peu à peu ensevelit par le sable et oublié. Un projet de réaménagement a donc été mené pour évacuer le sable sur plusieurs mètres de profondeur et rénover l'intérieur du bunker en reconstituant une pièce de vie et une salle d'exposition sur l'Histoire du Mur de l'Atlantique dans la salle principale. Il est bien plus facile de se replonger dans le passé quand on foule les lieux qui ont fait l'Histoire, vous ne trouvez pas ?
L'offensive de l'armée allemande est freinée aux portes de la capitale moscovite par l'arrivée de l'hiver en décembre 1941. Quelques jours plus tard, les Etats-Unis entrent en guerre aux côtés des alliés, marquant un changement brutal de stratégie pour Hitler : l'Allemagne est forcée d'adopter une manœuvre défensive qui aura pour conséquence la construction d'une ligne de fortification sur près de 6 000 km, de la Norvège à l'Espagne : le "Mur de l'Atlantique" est né. Ainsi, 9 700 ouvrages sont construits de long de cette ligne, mobilisant plus de 450 000 travailleurs, nécessitant 11 millions de tonnes de béton et 1 million de tonne de fer. La réalisation du Mur est confié à l'Organisation Todt (dit O.T.) qui établit des plans conformes pour les trois armées : Heer (terre), Luftwaffe (air) et Kriegsmarine (mer).
Le Bassin d'Arcachon devient une point stratégique pour les allemands à partir de juin 1940, offrant un accès direct à Bordeaux. Le phare est occupé et servira de point de repère pour ajuster les distances de tirs des canons allemands installés au Pyla-sur-Mer. C'est à deux pas du phare que le bunker Ar 3601 1943 sera créé.
L'Armée bénéficia d'une centaine de blockhaus le long du Mur avec pour chacun un code d'identification bien spécifique comme celui présent en haut de l'encadrement du couloir principal du bunker du phare.
Le bunker Ar 3601 1943 suivra donc un plan standardisé : deux pièces avec une capacité d'accueil de 19 soldats. Une peinture de camouflage appliquée sur sa façade et plus surprenant encore, une cabane en bois installée sur le toit du bunker pour tromper les avions ennemis. Afin d'alimenter les résidents en eau, un puit a été foré, l'extraction se faisant via une pompe à main. Il ne reste plus de trace de ce puit aujourd'hui...
Aujourd'hui, même si une grande majorité des bunkers datant de la 2eme guerre mondiale est laissé à l'abandon le long du Mur de l'Atlantique, il existe des contre-exemples. Certains édifices ont été restaurés ou abritent aujourd'hui des musées comme le Grand Blockhaus à Bats-sur-Mer ou encore le Poste de direction de tir de Rova-Bella à Ouistreham. Il me faudrait beaucoup, beaucoup de temps pour espérer les visiter, photographier et référencer sur le site mais je me réjouis d'avance de pouvoir le faire, comme pour contribuer, à ma hauteur, au devoir de mémoire.
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